Who Are You ? ☆ Son Hwa Min | Ahn Jun Hwan

Who Are You ?

Son Hwa Min & Ahn Jun Hwan

Les bruits de fond dans l'amphithéâtre, les plaintes sur sa légitimité à enseigner par rapport à sa note assez faible, tout cela faisait maintenant partie entière du quotidien de la jolie jeune femme que se trouvait être Hwa Min, une professeur sur laquelle on essayait d'exercer beaucoup de pression. Il n'était pas nouveau qu'on la méprise en lui affirmant qu'avec une note pareille, elle ne risquait pas de pouvoir garder son job très longtemps.

Alors c'était vraiment les notes qui contrôlaient tout et elle, elle n'était qu'un déchet. C'est bien pour ça qu'elle haïssait cette société. Elle en venait presque à se demander pourquoi les flammes n'avaient pas eu raison d'elle lorsqu'elle avait été enfant. De cette façon, elle n'aurait pas eu à vivre des injustices, elle commençait à ne plus le supporter. Hwa Min avait beau prétendre aller bien et se cacher derrière ses sourires méprisants, dans le fond, le vide en elle ne cessait de grandir.

La jeune femme attendait juste que la mort l'emporte, parce qu'elle était entrain de sombrer parmi ses personnes qui se cachaient derrière des masques qui ne laissait apparaître aucune faille. Et elle ne pouvait pas vivre de la même manière en cachant ses émotions. C'est bien pour ça qu'elle ressentait le besoin de faire tout différemment et d'exprimer tout ce qu'elle pouvait ressentir à voix haute, même si elle pouvait paraître minable à leurs yeux.

A présent, elle n'était plus la faible lycéenne qu'elle avait été pendant un long moment, non, c'était devenue une championne qui excellait dans l'art de se servir des autres et elle avait finit par utiliser ses atouts pour arriver à ses fins. Et dans le fond, elle buvait pour oublier juste l'espace d'un instant toutes les horreurs qui se disaient sur elle.

La jeune femme avait fait un rapide saut chez elle afin de se changer pour partir jouer à son jeu préféré, la pêche aux numéros de téléphone. Enfilant son jean préféré et un haut noir qui laissait voir ses épaules, quasiment blanches, dénudées. Elle avait allier le tout avec des escarpins de couleur claire et s'était maquillée un peu plus, parce qu'elle trouvait que ça lui donnait un air beaucoup plus sulfureux tout en lui donnant une certaine assurance. Assurance qu'elle avait perdue depuis que son corps était couvert de dizaines de brûlures.

Hwa Min avait une petite trotte à faire de son appartement jusqu'aux nombreux bars dans le downtown, et son envie de marcher était proche du zéro. Alors pour une fois, la moto qu'elle avait achetée suite à un coup de tête allait finir par lui servir. Elle avait passé le permis pour celle-ci quelques mois plutôt mais elle utilisait assez peu par peur de l'abîmer. Mais l'important, c'est que grâce à cette fameuse moto, elle faisait des arrivées remarquables et pour elle qui adorait attirer le regard, c'était assez plaisant.

Une fois arrivée à l'endroit prévu, elle se gara près du bar où elle allait entrer, pour entendre l'alarme au cas où on essayerait de lui voler son bien. Hwa Min retira donc son casque et attacha sa moto en vérifiant qu'on ne pourrait pas casser la chaîne. C'est de cette façon, qu'elle avait pénétrée dans ce bar assez mal fréquenté mais elle se sentait bizarrement à sa place ici. Pas de faux-semblants ni même de personnes qui vous prenez de haut. Rien, seulement des âmes aussi perdues qu'elle qui buvaient pour faire abstraction de leur sort, l'espace d'une nuit.

Les fins de soirées pour Hwa Min finissaient toutes de la même manière ces derniers jours, elle faisait le tour des bars en essayant de tester ses limites. En combien de temps pourrait-elle récupérer le numéro des hommes ici ? Allait-elle battre son record ?

Combien de verres avait-elle déjà bu depuis son arrivée ici ? Elle n'aurait su le dire si on le lui posait la question mais il était évident que c'était beaucoup trop même si elle tenait bien l'alcool. Hwa Min avait enfilé un nouveau verre avant de se décider pour savoir qui serait sa prochaine cible avec un jeu assez idiot, celui de plouf-plouf. Elle regarda le liquide que le barman avait de nouveau verser dans son verre, tandis qu'un sourire s'était peint sur ses lèvres. Elle comptait avec l'aide de ses doigts, les hommes présents du côté du comptoir.

«Ça sera toi au bout de trois. Un, deux, trois.»

Sa nouvelle victime finit par apparaître dans sa ligne de mire.

Cet homme allait devenir son «jouet» pour cette nuit, et vu qu'il devait avoir à peu près le même âge qu'elle, la pêche ne serait pas trop difficile. Elle était convaincue qu'avec seulement quelques minutes de conversation, elle pourrait le mener à la baguette. Puis il n'était pas vilain maintenant qu'elle le regardait, ou peut-être que c'est la boisson qui lui donnait l'impression qu'il était mignon ?

De toute façon, les hommes qui venaient ici boire un verre, cherchait la même chose, oublier leurs soucis à travers la boisson ou à travers le plaisir charnel. Hwa Min s'était donc levé de sa chaise pour aller s'installer dans le siège près de lui. Et elle ne se fit pas prier pour lui adresser la parole, d'autant qu'elle était assez directe lorsqu'elle voulait quelque chose. Un petit sourire angélique au coin des lèvres, un sourire qui ne semblait rien annoncé de bon.

«Salut mon joli, c'est quoi ton nom ?»

Avait-elle finit par dire en passant sa main droite dans ses longs cheveux noir de jais.

☾ anesidora

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Son Hwa Min & Ahn Jun Hwan

Fatigué. Je suis fatigué et je n'ai pourtant pas le cœur à rentrer. Je peux entendre les longues réclamations de mon lit, l'appel tentant de mon oreiller, les promesses de mes draps, mais je suis toujours là, assit sur ce tabouret de bar inconfortable, entouré d'inconnus. Les yeux rivés sur mon verre vide, je compte -de mémoire- les billets qui sont dans ma poche et fait le rapprochement avec les nombreuses heures supplémentaires effectuées. J'ai travaillé d'arrache-pied cette semaine, profitant d'une pause dans mon emploi du temps d'étudiant pour gagner un peu plus d'argent.

Peu. C'est le terme.

Je passe la main dans mes cheveux, les ébouriffants davantage sur mon front. Ce n'est pas assez pour régler les frais de ce semestre par moi-même. Il va encore falloir que j'aille réclamer une somme conséquente à mes parents, sous prétexte que je n'ai pas suffisamment de points pour bénéficier d'une bourse. Je fouille mes poches pour en sortir la petite télécommande en plastique qui m'accompagne constamment. J'en effleure l'écran, l'allume et pose un regard lourd sur les trois chiffres qui s'y affichent. Ils oscillent généralement entre la limite imposée par le 2 et le 2.4 : je n'arrive même pas à atteindre le 2.5, quand bien même ça fait plus de sept ans que je m'y efforce.

C'est désespérant. Je la pose devant moi mais cesse de la regarder comme si soudainement, ma note allait augmenter jusqu'à obtenir la consécration. Il me reste encore de longues années avant de parvenir à m'installer dans les beaux-quartiers et observer mon écran en espérant que ça change quelque chose, ne peut qu'être plus frustrant. Je préfère relever les yeux pour interpeller le barman.

Seulement, mon geste se fige alors qu'une silhouette s'approche, telle une ombre qui planerait subitement sur ma personne. Je la suis du regard, observant chaque mouvement de son corps pendant qu'elle prend place à mes côtés. Visiblement, elle sait ce qu'elle fait. Je viens suffisamment dans ce bar pour savoir à qui je fais face, en quelques secondes. Elle est de ces femmes qui étudient avec précision chaque réaction, qui prend soin de chaque détail dans les conversations... Elle doit avoir l'habitude de jouer dès que le soleil se couche.

Un léger sourire moqueur apparaît aux coins de mes lèvres alors que j'appuie mon menton dans le creux de ma paume :

«Parce que tu penses être capable de t'en souvenir demain matin ? »

C'est peine perdue. Je n'ai jamais été un grand joueur -préférant plutôt regarder que participer- mais ce n'est pas une raison pour prendre la place du jouet. Encore une fois, je suis habitué à ce genre d'attitude. J'ai grandit à quelques mètres d'un bar semblable à celui-ci. Je passais mes soirées assit sur le trottoir à observer les gens qui entraient et sortaient. Il ne m'a pas fallu beaucoup de temps pour me rendre compte que s'ils pénétraient dans l'établissement en solitaire, ils en ressortaient rarement sans compagnie. Pour ma part, ça ne m'a jamais intéressé. Je préfère les rencontres plus sincères.

Est-ce qu'elle va le deviner par elle-même et tenter sa chance ailleurs ?

« Qu'est-ce que tu veux, ma jolie ? »

J'appuie sur le dernier mot, que je lui emprunte subtilement, comme pour lui faire comprendre que je ne suis pas enclin à me laisser manipuler ce soir.

☾ anesidora

Who Are You ?

Son Hwa Min & Ahn Jun Hwan

La raison derrière son nouveau petit jeu, c'est que Hwa Min trouvait que boire seul était ennuyant. D'habitude, Soo Hwa la rejoignait toujours un peu après qu'elle se soit installée et ils finissaient toujours par avoir des ennuis. Et c'est ce qui lui permettait d'oublier ses dures journées et de profiter d'un moment pour rire un peu.

Mais à présent qu'elle mettait un pied dans le Downtown, elle redoutait de le voir et qu'il finisse par se forcer à être comme avant qu'il ne lui fasse sa déclaration. Puis même si il lui avait affirmé que tout irait bien, elle n'était pas dupe, il l'évitait clairement. Cette simple pensée lui arracha un soupir.

Il avait fallut quelques secondes couplés à de simples mots pour que leur relation change et qu'une gêne s'installe. Quand on y réfléchissait, est-ce qu'on pouvait vraiment remplacer la présence du jeune tatoueur à ses yeux juste l'espace de quelques instants ? Bien évidemment que non. Et elle le savait pertinemment.

Mais ça ne l'empêchait pas d'essayer par un moyen ou un autre, bien que si elle continuait dans cette lancée, elle deviendrait alcoolique avant la fin de l'année. Puis, elle était également minable à traîner dans un bar différent de celui où ils allaient ensemble habituellement pour ne pas le voir.

La partie qu'elle avait entreprit pour oublier ses problèmes venait tout juste de commencer.

Maintenant qu'elle était assez près de ce jeune homme, Hwa Min détailla le moindre de ses traits, un nez fin et bien dessiné, un visage sans imperfection, un air enfantin et des cheveux bruns qui retombent légèrement au dessus de ses yeux en amandes. Cet air malicieux qui s'était peint sur son visage, elle avait envie de le faire disparaître. Son regard finit par s'arrêter sur la télécommande -sûrement celle de cet inconnu- présente sur le comptoir. Les mots de ce garçon venait de lui arracher un léger rictus pendant que son regard félin le sondait des pieds à la tête.

«Parce que tu penses être capable de t'en souvenir demain matin ? »

Touché. Est-ce qu'elle allait vraiment pouvoir ne serait-ce que se souvenir de la première lettre de son nom le lendemain ? Pas qu'elle avait trop bu pour l'oublier mais si il était ennuyeux, elle allait le juger comme inutile et ne jamais le retenir.

«Je suis pompette, pas amnésique.»

Et il n'avait pas l'air prêt à tomber dans ses filets. Un peu de résistance de la part d'un jeune homme, c'était rare mais elle n'allait pas se laisser démonter pour autant même si il semblait l'avoir percer à jour. Si il était aussi confiant, c'est qu'il devait se douter de ce qui se tramait. La professeure s'était contenté de laisser son regard osciller entre son verre et ce jeune homme. Si il se mettait à jouer lui aussi, ça devenait rapidement plus intéressant.

«T'es à court de mots ou tu préfères utiliser les mêmes que les miens pour me faire comprendre que je ne suis pas désirée dans ton espace vital ? Si c'est la deuxième option, très bon choix, je l'utilise aussi très souvent.»

Un léger rire finit par s'échapper de ses lèvres, il prenait même la peine de reprendre ses répliques pour lui faire comprendre que la partie ne serait pas aussi facile qu'elle le pensait. Est-ce que c'était une gentille attention de sa part ? Elle l'aurait plutôt qualifier de maline.

« Mais tu devines bien évidemment que ça ne marche pas avec les gens comme moi. »

Hwa Min marqua une légère pause avant que son sourire amusé reprenne possession de ses lèvres, elle ne l'avait pas lâché du regard une seule seconde afin d'observer chacune de ses réactions.

«Je te l'ai dis, je voulais ton nom. Mais visiblement, ça sera moins facile que je pensais de l'obtenir vu que tu sembles un peu sur la défensive.»

La brunette avait de nouveau porter son verre à ses lèvres tout en croisant les jambes. Elle avait finit par le reposer pour donner à présent tout son attention à ce jeune homme. Est-ce que c'était une âme perdue comme elle ou est-ce qu'il essayait d'échapper à la réalité pendant quelques heures ?

«Puis, qui sait peut-être que je peux être l'oreille qui écoutera tes problèmes ce soir vu que t'as l'air assez préoccupé. Alors c'est la télécommande, le problème ? Les notes ? La société ? Ou tu t'es fais larguer ? »

☾ anesidora

[quote="Son Hwa Min"]

Who Are You ?

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«T'es à court de mots ou tu préfères utiliser les mêmes que les miens pour me faire comprendre que je ne suis pas désirée dans ton espace vital ? »

Sa remarque m'amuse au point de laisser échapper un sourire. Je porte le verre à mes lèvres tout en l'observant avec un intérêt nouveau. Effectivement, elle a réussit à capter mon attention avec sa réplique. Elle est jolie mais elle n'est pas stupide. S'il y a bien une chose que j'ai apprise en ayant grandit dans le downtown, c'est qu'il ne fallait pas sous estimer les personnes qui y habitent et les femmes d'autant plus. Si elles peuvent se montrer douces et adorables, elles peuvent aussi être fourbes, cruelles et malheureusement pour nous, elles sont dotés d'une intelligence qui parfois m'effraie.

Il me suffit de voir avec quelle dextérité ma grand-mère tient la famille à bout de bras. Elle porte toute la tension sur ses frêles épaules et si j'ai l'impression qu'elle est sur le point de s'écrouler, elle se relève avec encore plus de force. Elle n'a pas gagné le droit à une vie de rêve, elle n'a même pas eu le droit à sa propre maison bien longtemps, pourtant elle n'en démords pas. C'est elle qui met la vie à genoux, certainement pas l'inverse. Elle est un modèle pour bien des femmes mais avant tout pour moi.

Alors cette inconnue, assise à côté de moi avec son rictus suffisant, m'arrache un sursaute de curiosité. Je l'ai sûrement mal jugée. Elle est peut-être plus intéressante que prévu.

Change-moi les idées et je te donnerais mon nom.

«Puis, qui sait peut-être que je peux être l'oreille qui écoutera tes problèmes ce soir vu que t'as l'air assez préoccupé. Alors c'est la télécommande, le problème ? Les notes ? La société ? Ou tu t'es fais larguer ? »

J'arque un sourcil, buvant tranquillement ma boisson pendant qu'elle énumère les nombreux problèmes que je suis sensé avoir. Est-ce qu'elle sous-entend que la société actuelle est un problème ? J'ai entendu des rumeurs qui parlaient d'un groupe d'habitants qui se refusaient au système. Je n'en ai jamais rencontré personnellement mais j'ai eu vent des arguments qu'ils avançaient pour démonter la Sunrise Corporation. Les notes, les classes, l'élite et nous. Il y a tellement à dire et si peu à défendre. Pourtant je ne fais pas partie de ceux qui veulent renverser le système. Au contraire, je pense que même s'il n'est pas parfait, il y a matière à faire quelque chose de bien.

Il faut croire que tout le monde a besoin d'un but, de quelque chose à battre.

Alors, dis-moi, contre quoi tu te bats ? Je lui dédie un sourire moqueur tout en reposant mon verre. Heureusement pour elle que je suis de nature curieuse.

« C'est intéressant que la télécommande soit le premier problème que tu cites. Ça en dit déjà long sur ce que tu penses. »

Je l'observe, les yeux accrochés à ses traits fins. Je ne l'ai jamais croisé auparavant pourtant elle ne me semble pas totalement inconnue. Ses cheveux de jais tombent sur ses épaules et j'en suis le mouvement du regard, avant de rencontrer la peau pâle et nue de ses bras. Je remonte le long de son bras pour terminer ma course sur son visage. Un joli nez, de belles lèvres pleines et roses, des yeux sombres... Elle est très agréable à regarder et forcément, je n'en suis pas insensible. J'aime ce qui est beau, c'est bien pour ça que j'ai choisi de passer un cours de photographie en mineur : pour capturer les détails que les autres ne voient pas spécialement.

Et sa beauté, à elle, est visible pour tous. Ca m'étonnerait qu'elle ait rebuté beaucoup de personnes dans sa vie. J'imagine qu'elle a dû assister à bien des attitudes en réponse à ses propositions mais a-t-elle déjà eu le droit à un refus ? J'appuie mon menton dans la paume et garde un sourire au coin de mes lèvres.

« Et toi ? Est-ce que tu t'es déjà fait larguer ? »

☾ anesidora

Who Are You ?

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« C'est intéressant que la télécommande soit le premier problème que tu cites. Ça en dit déjà long sur ce que tu penses. »

Les télécommandes, les notes, la Sunrise Corp et tout les gens qui s'y pliaient, elle ne pouvait s'empêcher de les détester. Elle avait cette impression que chaque jour, ils ruinaient sa vie un peu plus et qu'elle s'engouffrait dans les abysses à chaque minute. Cet enfer qui la rongeait depuis cet incendie, elle était entrain d'y plonger. Peut-être que ses flammes ne l'avait pas fait succombé cette nuit-là mais le feu à l'intérieur d'elle ne cessait de la consumer, parce qu'elle avait l'impression de lâcher prise.

Quand on y pensait, contrairement aux fervents partisans de la Sunrise Corp, elle n'avait pas de but et elle ne se voyait même pas passer la barre des trente ans. Hwa Min attendait seulement que la mort s'empare d'elle et qu'elle s'en aille sans laisser de traces.

La jeune femme ne risquait pas de manquer à grand monde.

Encore une fois, Hwa Min pouvait apercevoir les regards méprisants de ce qui restait de sa famille, les remarques déplacées que tenait sa cousine pour la mettre plus bas que terre. Lui rappelant que de toute manière si elle ne se pliait pas aux règles imposées, elle resterait une moins que rien. Au final, la moins que rien qu'elle était avait réussit à s'en sortir sans leur aide. La professeure avait prit son envol mais ses démons, eux, ne cessaient de la suivre.

Sale garce. T'es une traînée. Tu vaux rien. Pourquoi tu fais pas l'effort de faire comme tout le monde ? Si les autres y arrivent, pourquoi pas toi ? T'es juste une bonne à rien. T'as qu'à t'en aller, qui va s'en soucier ?

L'espace de quelques secondes, elle ferma les yeux avant de soupirer. Sa voix semblait posé et calme tandis qu'elle s'adressait à lui, le regard maintenant dans le vide.

«Ah, parce que la télécommande est censé être un outil pour aller mieux ? Tu m'en vois désolée. Mais je pense que la seule chose qui puisse panser les blessures internes du genre humain reste l'être humain. Puis disons que j'en ai vu des gens qui change depuis que cette télécommande a fait irruption dans leurs vies.»

Peut-être qu'elle s'opposait à tout ça parce qu'elle avait une autre vision de la vie, qu'elle jugeait beaucoup plus juste. Le seul point qu'elle ne pouvait leur reprocher concernait la justice, il était vrai que depuis que le système avait prit place, les crimes se faisaient de plus en plus rares.

« Noter des gens sur leurs interactions, je trouve ça minable. Comme si les paroles pouvaient refléter tout ce qu'on pensait ou même le mal-être qu'on peut éprouver. »

Est-ce qu'il était pour ce système ou il le subissait juste ? Peut-être que comme le petit Duck Hwan, il craignait les répercussion de la Sunrise Corporation. Bien que Hwa Min était totalement contre et qu'elle se rebellait, elle aimait bien connaître l'avis des gens concernant ce qu'elle considérait comme l'enfer.

«Puis regardes, j'ai fais l'effort de me lever afin de savoir ton nom mais j'aurais très bien pu savoir ton nom et ta note seulement en jetant un coup d’œil à ce bout de plastique. Cependant je pense qu'il faut savoir laisser une chance à tout le monde si ça se trouve j'aurais pu passer à côté d'une belle rencontre en me fiant à de simples chiffres.»

Hwa Min marqua une pause en finissant son verre qu'elle reposa assez vite sur le comptoir en bois. Est-ce qu'elle s'était déjà faite larguer ? La seule chose qui lui venait en tête à cet instant, c'était ce moment où elle avait rejeté les sentiments du jeune tatoueur qui se trouvait également être son meilleur ami. Et c'est bien parce qu'il l'évitait en ce moment, qu'elle se retrouvait à boire ici.

Un léger rire finit par s'échapper de ses lèvres tandis qu'elle reposait les yeux sur cet inconnu dont elle ne savait toujours pas la moindre chose. Quel genre de personne, est-ce qu'il pouvait bien être ? Pourquoi il venait boire seul ici ?

« Pour se faire larguer, faut déjà avoir eu un copain.. Donc non. Disons que je suis seulement une 2.95 alors tu devines bien que j'attire pas grand monde, je suis pas assez intéressante ou peut-être bien que je leur fait peur. »

Et pour avoir un copain, faut déjà savoir s'aimer soi-même, non ? C'est ce qu'elle pensait au fond d'elle, après tout, elle n'était rien d'autre qu'un monstre et elle se détestait. Son corps lui faisait peur et ses brûlures la rendait malade. Et le seul qui avait eu le droit de les voir parce qu'elle le lui avait permit, c'était Soo Hwa. Qui devait bien être la seule personne avec qui elle avait eu des contacts physiques, ces six dernières années.

« Du coup, j'ai touché le point sensible pour que tu me relances dessus ? Ou bien c'est une autre manière de ta part de me dire de te lâcher la grappe ? T'es pas le genre de gars qui vient souvent ici, j'imagine.»

Maintenant qu'elle le regardait encore, l'air qu'il affichait lui rappelait quelqu'un mais elle n'arrivait pas à mettre le doigt dessus. Et elle n'avait pas pour souvenir de lui avoir adressé la parole dans le passé, d'autant qu'elle ne vivait pas depuis très longtemps dans la capitale. Quand elle y repensait, il lui avait demandé si elle allait se souvenir de son nom, alors c'était peut-être une pique à son intention pour lui faire comprendre qu'ils s'étaient déjà parlé ?

«Dis, on s'est jamais rencontré, n'est-ce pas ?»

Cependant, elle regretta assez vite ses paroles. Hwa Min n'avait pas pour habitude de s'adresser à grand monde, elle avait toujours trouvé que les autres ne méritait pas son attention. Et il ne faisait pas partit de ses anciens bourreaux, leurs visages à eux, étaient encore bien imprimés dans son esprit. La boisson devait sûrement lui jouer des tours, la professeure ne se souvenait même plus de la quantité d'alcool qu'elle avait pu boire.

«Oublies, on dirait une réplique d'un mauvais film. J'ai sûrement un peu trop bu, je me mets à raconter n'importe quoi.»

☾ anesidora

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